36 15 ULLA
Le 30 juin à minuit, l’emblématique et increvable Minitel de France Telecom rend son dernier souffle. Mis hors service cet Internet du pauvre (ou du Français des années 1980-90) emporte avec lui des services emblématiques qui ont forgé la mémoire collective et technologique d’une génération. Retour ému, sur les plus célèbres d’entre eux.
Le plus connu des services du Minitel est aussi le moins assumé de la part de ces utilisateurs. Avant le Web coquin, il y avait 36 15 ULLA, un service de rencontre parfaitement anonyme visité le plus souvent en cachette depuis 1987. Edité par la société AGL, ULLA ne disparaît pas le 30 juin avec le minitel puisqu’elle continue son existence sur Internet.
Ravel, les résultats du Bac et la suite des études
En ces temps sombres ou Facebook, Twitter, et Google n’existaient pas, il fallait bien s’en remettre à d’autres moyens pour s’informer. Les résultats du Bac, par exemple, étaient publiés sur le minitel, tout comme les premières corrections quelques heures après les épreuves. Et une fois le diplôme obtenu, c’est aussi le minitel, et plus précisément le 36 14 RAVEL, qui permettait de faire ces choix d’orientation post bac. Toute une époque…
Le 3611
Le Minitel a tout de même eu un intérêt principal : son annuaire. Le 3611 a pour objectif de remplacer l’annuaire papier. Il doit également alléger le travail des services traditionnels de renseignement, saturé par le nombre croissants de téléphones fixes. Gratuit les trois premières minutes, ce service devient totalement payant le 1er septembre 2007 (0,48€ HT/min). Censé disparaître en 2009, sa mort est reportée au 30 juin 2012.
Les tarifs
Le Minitel était sans abonnement, du moins les premiers modèles prêtés par France Telecom. Seul le temps de communication était facturé. Depuis le 1er janvier 2007, le 3605 est gratuit mais les autres services sont payants : entre 0,02€ et 0,0016 cts/min. Un tarif d’accès est également facturé, variant de 0,02 cts/min jusqu’à 1,41 €/min. Tous les tarifs actuels sont disponibles sur cette page.
Le clavier alphabétique
Parmi les nombreux (des)avantages du Minitel, certains utilisateurs se souviendront du clavier alphabétiques qui équipait les premiers modèles. Heureusement, les concepteurs se sont vite rendus compte que cette disposition n’avait rien de pratique. Ceux qui avait déjà appris à taper au clavier ne retrouvait pas leurs habitudes, et ceux qui découvrait l’informatique ne parvenait à rien. Les plus conventionnels Azerty et Querty se sont vite imposés pour remplacer un modèle qui a sombré depuis dans l’oubli.
Les Quizz
Le Minitel mieux qu’Internet
Oui, le Minitel avait bien des choses à apprendre à Internet. Commençons par la sécurisation. De par son ouverture, Internet est un vaste No Man’s Land. De son côté, le Minitel était sécurisé par le réseau Transpac par lequel transitaient les données. L’autre avantage que l’on retiendra, c’est la constance du débit et la fiabilité qu’offrait la ligne du Minitel. Qui n’a jamais eu de coupure de connexion Internet ou observé une baisse de son débit ? Le Minitel, lui, ne flanchait pas !
Un téléphone pour se connecter au minitel
La clé pour accéder au monde du minitel, c’était le combiné de téléphone. Et il fallait suivre scrupuleusement la procédure: décrocher le téléphone, composer le 3615 depuis le clavier, attendre que la connexion se fasse, appuyer sur «Connexion/Fin» et raccrocher. Bravo, il ne reste plus qu’à naviguer. Par contre, tant que la connexion minitel était active, le téléphone était occupé. Autant dire qu’il ne fallait pas attendre un coup de fil, surtout qu’à l’époque où le minitel était vraiment répandu, les téléphones portables, eux, arrivaient à peine.
Les factures salées
La lettre au Père Noël est une tradition française de longue date. Et si le service téléphonique était bien connu des enfants des années 80 et 90, il avait également sa version minitel via le 3615 PERENOEL, qui permettait à chaque mois de décembre d’écrire sa lettre au Père Noël. Un service qui disparaîtra avec le Minitel, mais qui se voit plus ou mois remplacé par une page mise en place par La Poste, qui répond depuis des années aux courriers des enfants adressés au Père Noël.
Démos sur Minitel
Les communautés de développeurs amateurs, connues pour détourner les usages des équipements informatiques, se sont également intéressées au Minitel. Problème : beaucoup pensaient que le Minitel ne disposait pas d’un processeur, et de tous les éléments qui constituent la totalité des appareils modernes, et qu’il était donc impossible de programmer correctement dessus sans passer par un serveur. Ce n’est que début 2011 qu’un Français a voulu prouver le contraire en programmant une démo (petit logiciel censé pousser l’appareil au maximum de ses capacités) prouvant qu’il est bel et bien possible de développer directement sur un Minitel.