Accusé d’espionnage, Huawei poursuit des journalistes français en diffamation

Malgré sa mise sur liste noire par les autorités américaines, Huawei dément formellement les accusations d’espionnage ou de collusion avec le pouvoir chinois. Au moment où les Européens doivent choisir les équipementiers pour déployer la 5G, Huawei poursuit en diffamation ceux qui remettent en doute son intégrité, notamment trois journalistes et experts français.

Suite à sa mise au ban par les autorités américaines, Huawei doit se priver de ses partenaires et du marché américains, notamment dans le cadre du déploiement de la 5G. Les États-Unis lui reprochent sa proximité avec le pouvoir chinois avec qui la firme pourrait mener des activités d’espionnage. Huawei a toujours démenti ces accusations, mais s’oriente désormais vers une nouvelle stratégie en lançant des actions en justice contre ceux qui les défendent. Le géant chinois vient ainsi de lancer des poursuites en diffamation contre trois journalistes et experts suite à leurs propos à la télévision française.

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Huawei précise qu’il n’a pas l’intention de s’attaquer à la liberté de la presse en poursuivant les chaines de télévision TF1 et France 5. Dans une déclaration, la firme indique que ses poursuites ne concernent que ceux qui affirment que « Huawei est une société contrôlée par l’État chinois et le Parti communiste chinois, dirigée par un ancien membre du contre-espionnage, et utilisant son expertise technologique des réseaux de télécommunications pour commettre des actes d’espionnage contre le monde occidental ». 

Parmi les prévenus, Valérie Niquet, spécialiste de la Chine et du Japon à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Durant deux émissions de télévision, la spécialiste a clairement exposé son point de vue. Selon elle, Huawei représente un risque majeur pour la sureté nationale si l’entreprise participe au déploiement du réseau 5G en France. Elle a notamment déclaré que « personne n’aurait donné à une compagnie soviétique les moyens de surveiller toutes les communications dans le monde occidental, et c’est ce que nous faisons avec Huawei ». Valérie Niquet s’est néanmoins dite surprise que la firme entame des poursuites contre de simples experts qui s’expriment à la télévision.

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Les poursuites interviennent au moment ou les Européens doivent choisir les équipementiers qui prendront part au déploiement de la 5G. Malgré les vives recommandations de Washington pour bannir Huawei, la firme n’a pas été exclue. La France a néanmoins adopté la loi dite « loi Huawei » cet été. Elle prévoit de soumettre les opérateurs à un régime d’autorisation préalable pour s’assurer que les équipements choisis ne représentent aucun risque « d’atteinte aux intérêts de la défense et de la sécurité nationale ». Huawei a donc tout intérêt à faire taire les voix dissonantes qui pourraient nuire à sa participation dans le déploiement de la 5G sur le second marché mondial. 

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Source : Bloomberg