- Bonne conception
- Prise en main classique
- Belle qualité d'image
- Efficace en vidéo
- A peine moins cher qu'un 77D
L’EOS 800D est un bon boitier, mais vu la faiblesse de la différence de prix nous lui préférons sans hésitation son presque jumeau : l’EOS 77D. Comme pour le couple sorti en 2015 750/760D, il propose en effet un écran LCD sur le capot et une seconde molette de réglage pour une fiche technique identique par ailleurs.
Dans le secteur désormais très concurrentiel boitiers amateurs à objectifs interchangeables le Canon EOS 800D succède au 750D. Ces APN sont aujourd’hui à la lutte avec de nombreux modèles issus à la fois d’une offre reflex très vaste, mais également avec des hybrides à la fois performants et compacts. Voyons donc si la relève de la gamme EOS à trois chiffres, qui a longtemps régné sans partage sur sa catégorie, est toujours en mesure de tenir la dragée haute à ses concurrents.
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Une construction attendue
Les habitués de la gamme reflex Canon à trois chiffres auront du mal à se départir d’une étrange impression de déjà-vu lors du premier contact avec le 800D. En effet, depuis l’origine de cette série à grand succès il y a plus d’une décennie, les évolutions extérieures proposées par chaque génération sont à la fois régulières et sages. Le but est bien entendu ici de proposer des boitiers remis au goût du jour sans pour autant dérouter les habitués. Le châssis toujours en polycarbonate propose donc des dimensions très proches de celles de son prédécesseur : (131mm (l) x 100mm (h) x 76mm (e)) pour un poids très légèrement inférieur de 532 grammes (avec carte et batterie).
Le volume, supérieur à celui de bien des hybrides, lui permet néanmoins de proposer un compartiment latéral, distinct de celui de la batterie, destiné à accueillir la carte mémoire. Cela procure au 800D un vrai avantage lors d’une utilisation sur pied (ex : paysage ou architecture).
Comme sur les générations précédentes, la tenue en main est bien assurée grâce au revêtement caoutchouté qui équipe la poignée, à la forme efficace, et le repose pouce profilé sur la face arrière.
Le viseur optique est classiquement construit autour d’un pentamiroir, il assure une couverture de 95% du champ et son grossissement est de 0,82%. Comme sur les modèles précédents, il est un peu trop étriqué à notre goût et son relief oculaire de 19mm ne ravira pas les porteurs de lunettes. Cela dit, à part chez Pentax, ces apories sont à constater chez la plupart des modèles concurrents.
Comme sur le 750D l’écran arrière est tactile et orientable, il propose également des dimensions similaires (diagonale de 7,7 cm) et une définition de 1 040 000 points. Sa luminosité et sa définition lui permettent d’assurer efficacement son office, notamment en mode vidéo.
Comme à l’accoutumée sur ce type de boitier, le 800D propose également un flash rétractile à la puissance limitée (NG en mètre : 12, à 100 iso) qui permet de dépanner lorsque la nécessité s’en fait sentir et de piloter à distance des flashs TTL sans fil sur différents canaux. Les amateurs de lumières travaillées qui ne possèdent pas le budget nécessaire à l’acquisition de têtes comme celles utilisées en studio apprécieront.
Un des gros avantages du système reflex par rapport à la concurrence hybride est sa relative sobriété énergétique, l’autonomie de la batterie fournie permet donc d’assurer une journée de prise de vue. Soulignons également la présence d’un chargeur indépendant là ou certains concurrents se contentent toujours d’un simple câble secteur, l’appareil servant alors de chargeur et se voit par là même immobilisé le temps de la charge.
Un pilotage classique et efficace
Comme la prise en main, le pilotage du 800D ne déroutera pas les canonistes. On retrouve ainsi sur la partie supérieure à droite du viseur le traditionnel barillet de sélection des modes de prise de vue, les touches de commande de l’autofocus, de la sensibilité et de l’affichage de diverses informations, le sélecteur de mise sous tension, la molette de réglage et le déclencheur.
Sur la face arrière, les touches Menu et Info sont positionnées à gauche du viseur, tandis que celle du basculement vers le mode vidéo est positionnée à sa droite. Le mémorisateur d’exposition et le sélecteur de collimateur AF se trouvent droite du repose-pouce caoutchouté.
À droite de l’écran, les boutons qui permettent l’accès au réglage de l’ouverture en mode manuel et au Quick Menu jouxtent la seule nouveauté : une touche d’activation du mode wifi. Dessous, les touches de réglages de la balance des blancs, de l’autofocus, de la cadence de prise de vue et des styles sont à leur place habituelle. En descendant encore un peu on trouve enfin les touches de lecture et de suppression des images.
Du point de vue de la connectique aucun changement depuis le modèle précédent : on retrouve les prises micro, télécommande, HDMI et mini-USB. Les Wifi, NFC et Bluetooth permettent les connections sans fil et le pilotage de l’appareil via l’application dédiée afin de choisir l’ouverture, la vitesse d’obturation, la sensibilité ou la zone de mise au point.
Du côté des menus, très bien organisés en onglets depuis plusieurs générations malgré une multiplication exponentielle des fonctions proposées, la seule évolution notable est l’apparition de pages explicatives pour aider les premiers pas des débutants (une fonction désactivable pour les autres).
Au final, aucune évolution notable depuis le modèle précédent. Les apports relevés sur le 760D, en direction d’une ergonomie plus proche de celle des boitiers experts, sont réservés au 77D que l’on peut acquérir pour quelques dizaines d’euros supplémentaires (nous y reviendrons en conclusion).
Des performances solides
Première observation, les performances de l’obturateur évoluent peu : la vitesse maximale d’obturation reste de 1/4000e de seconde et celle de synchronisation flash de 1/200e de seconde. Seule la cadence de rafale la plus élevée passe de 5 à 6 images par seconde, ce qui change peu de choses en pratique, même si tout progrès est à saluer.
C’est dans le domaine de l’autofocus que les évolutions sont les plus notables. Tout d’abord le module principal, celui qui opère lors de l’usage du viseur optique, est désormais doté de 45 collimateurs croisés (contre 9 sur le modèle précédent) comme sur l’EOS 80D. On peut également les regrouper par groupes plus ou moins vastes.
En pratique, le suivi des sujets en mouvement est plutôt efficace, même si comme on peut le voir sur les images suivantes le module AF principal a parfois du mal à suivre les sujets rapides en mouvement frontal :
Le mode Liveview, dont les performances en mode autofocus étaient vraiment en retrait sur le modèle précédent, connaît une belle amélioration. En effet, le capteur est désormais doté du système Dual Pixel comme sur les modèles experts, qui permet un autofocus par corrélation de phase beaucoup plus efficace que la détection de contraste proposée sur le 750D lorsqu’on vise avec l’écran arrière. En pratique, le système est vraiment plus rapide et plus précis, notamment en basse lumière.
Une belle qualité d’image
La définition du capteur n’évolue pas par rapport au modèle précédent. Néanmoins sa structure est modifiée en raison de l’intégration du système Dual Pixel AF et il est désormais associé à un nouveau processeur de traitement de type Digic 7.
En raison de l’orientation amateur du boitier (et des évolutions de la pratique qui voit aujourd’hui une grande quantité d’experts se servir principalement du format JPEG grâce aux progrès des algorithmes), nous nous sommes concentrés en priorité sur les performances en JPEG.
Disons-le d’emblée, les résultats sont de très bon niveau. Jusqu’à 400 iso la qualité est excellente. Si un premier pallier est franchi à partir de 800 iso, les images restent parfaitement exploitables jusqu’à 6400 iso voire même jusqu’à 12800 iso. À cette sensibilité, on sent une nette montée du bruit, mais les résultats restent tout à fait honnêtes pour la valeur. Le réglage maximal de 25600 iso est par contre à réserver uniquement aux cas désespérés.
100 ISO 200 ISO 400 ISO
800 ISO 1600 ISO 3200 ISO
1600 ISO 3200 ISO 6400 ISO
12800 ISO 25600 ISO
Un mode vidéo équilibré
Du point de vue des formats, l’EOS 800D propose les cadences suivantes :
- En full HD (1080p) : 24, 25, 30, 50 et 60 i/s.
- En 720p : 25, 30 50 et 60 i/s.
- En 480p : 25 et 30 i/s.
Certes, il faut souligner l’absence de 4K/UHD et une cadence ralentie supérieure au 60 i/s, même en 720p, aurait également été la bienvenue. Cela dit, Les formats 4K/UHD sont très gourmands en ressources pour le montage et de tels ralentis sont en pratique assez peu utilisés par le public amateur ici visé. Cela dit, certains des meilleurs concurrents de la gamme hybride proposent l’une ou l’autre de ces possibilités, voire les deux, pour un coût à peine plus élevé.
La présence d’un écran orientable et tactile combinée à celle du mode Dual Pixel AF permet un usage agréable et des transferts de point fluides ainsi qu’un suivi des sujets performant.
Alors que le très professionnel 5D MkIV sorti il y a quelques mois parvenait à faire des transferts de point fluides avec des optiques EF classiques, sans qu’il soit nécessaire de posséder les objectifs STM au système de mise au point prévu pour la vidéo, l’opération était néanmoins bruyante. Avec le 16-35 L f/4 (non STM) utilisé lors de notre test, le 800D parvient au même résultat de manière silencieuse, un progrès discret en apparence, mais déterminant pour toutes les captations avec du son ambiant, soit l’immense majorité des usages domestiques pour lesquels le 800D a été conçu en tant qu’appareil amateur.
Globalement, le mode vidéo est donc une réussite, même s’il faut bien constater que certains hybrides aux tarifs voisins proposent une variété de formats plus importante.
Un bon boitier au positionnement contestable
À l’issue de ce test, on peut donc affirmer que l’EOS 800D est boitier sain et performant. Comme ses prédécesseurs, sa fiche technique est en effet très voisine de celle d’un reflex expert alors que les économies réalisées sur la construction permettent à Canon de le proposer à un tarif inférieur.
Le positionnement de ce haut de gamme amateur au regard de l’offre globale actuelle incluant des hybrides arrivés à maturité pose néanmoins quelques questions. En effet, si ses qualités techniques sont indéniables, l’offre globale n’a plus rien à voir depuis que le positionnement des EOS à trois chiffres à moins de 1000 euros en kit avec un objectif transtandard a été pensé il y a plus d’une dizaine d’années. Le marché de l’époque se caractérisait en effet par des compacts vraiment limités sur le plan de la qualité d’image, des bridges volumineux plus versatiles, mais fortement limités en raison de la petite taille de leurs capteurs et des boitiers reflex réservés aux experts et aux professionnels au coût et à l’encombrement beaucoup plus importants.
À l’heure des compacts experts, des hybrides performants à l’encombrement réduit et après des années de chute régulière des tarifs des boitiers reflex experts (processus aujourd’hui stabilisé), le positionnement tarifaire des appareils reflex amateurs haut de gamme est devenu moins évident. Pour les utilisateurs déjà équipés de plusieurs objectifs, ils assurent la compatibilité avec l’ensemble de la gamme de chaque fabricant et proposent une vraie visée reflex à ceux qui ne supportent pas les viseurs numériques. Néanmoins leurs limites ergonomiques (confort de visée limité, absence de seconde molette pour un usage manuel et d’écran LCD sur le capot afin de visualiser plus rapidement l’ensemble des réglages) limitent parfois leur intérêt. Depuis que Canon, afin de remédier au problème sous peine de voir cette gamme sérieusement menacée, a réduit l’écart ergonomique avec sa gamme expert pour seulement quelques dizaines d’euros supplémentaires, l’intérêt du haut de gamme EOS à trois chiffres nous semble fortement dégradé. L’EOS 800D est donc un bon boitier, mais vu la faiblesse de la différence de prix nous lui préférons sans hésitation son presque jumeau : l’EOS 77D. Comme pour le couple sorti en 2015 750/760D, il propose en effet un écran LCD sur le capot et une seconde molette de réglage pour une fiche technique identique par ailleurs.